Après un bac L obtenu grâce à de bonnes notes en langues, je suis allée en fac d'anglais. J'aimais bien, j'étais forte au lycée, donc pourquoi pas. Je n'avais pas encore d'idée de métier donc en trois ans, j'aurais bien trouvé. Résultat, j'ai passé deux ans à errer sur les bancs de la fac, comprenant trop tard que cette approche de l'anglais n'était décidément pas pour moi. Trop théorique, trop pointilleux pour au final peu d'oral. J'ai quand même réussi à avoir un bac +1, mais qui ne me sert absolument à rien. Il faut savoir qu'entre temps, j'ai essayé de me réorienter en fac de culture et communication mais que ça n'a rien donné, je me suis éparpillée et je suis tombée vraiment malade, je n'ai pas pu continuer.
J'ai réfléchi longtemps, du fait de ma maladie, je n'ai pas pu tout de suite retourner à la fac,il fallait que j'attende la fin du premier semestre. Ça m'a laissé un bon mois et demi à la maison à stresser sur ce que j'avais la possibilité de faire. J'ai décidé de retourner à la fac pour avoir le deuxième semestre de ma première année pour avoir un bac + 1. Histoire de. Je ne savais pas quoi faire, autant me cultiver en allant à la fac que de rester à me morfondre devant des pâtes trop cuites.
J'ai pensé à mes points forts, à ce qui me plaisait chez moi et à mes défauts. J'ai tout listé et j'ai fait des recherches sur internet. Devenir diététicienne m'aurait bien plu, malheureusement, il fallait avoir fait un bac orienté scientifique pour accéder aux études...L'orthophonie avait l'air d'être un très beau métier, mais les études n'étaient accessibles qu'après un dur concours. Pleine d'entrain, je me suis inscrite en prépa orthophonie. Ce n'est qu'en cours d'année que j'ai réalisé que c'était vraiment difficile et que je n'aurais pas le courage de refaire une année de prépa. Aller aux différents concours coûte cher, surtout l'hotel et les transports et l'inscription est à 80euros à chaque fois. Sachant que j'en ai passé dix, ça revenait cher pour mes parents.
Je suis toujours en prépa orthophonie, mais je n'ai plus trop d'espoir. Je pense passer un concours très différent, mais qui reste dans un métier très social et très humain. Le concours d'aide médico-psychologique, qui est beaucoup plus accessible. J'ai vraiment besoin de me sentir utile, d'aider les gens et je ne veux pas forcément quelque chose en retour. J'espère que ce sera la toute dernière réorientation de ma vie, parce que ça commence un peu à me travailler. Je vois la plupart de mes anciens camarades qui sont en fin d'études ou qui sont carrément au travail. Et moi, je n'ai toujours rien. On dit qu'on avance chacun à son rythme, mais quand je vois le mien, j'ai la désagréable impression d'être englué dans un piège perpétuel.
Je ne sais pas si vous connaissez l'histoire de Léo le petit tigre. C'est un livre pour enfant que j'ai adoré étant petite. C'est l'histoire d'un petit tigre qui s'appelle Léo ( vous vous en doutiez je pense ) et qui est en retard sur tout le monde. Il ne sait pas bien lire, pas bien compter, il mange encore comme un cochon, alors que tous ses petits camarades sont propres et savent lire et compter. Il déprime un peu le pauvre, mais son papa a confiance en lui, il sait qu'un jour il s'éveillera. Et puis ce jour arrive, et le petit tigre réussit tout ce qu'il ne savait pas faire avant. La dernière page du livre conclut par un " moi aussi je sais le faire ! " super encourageant.
Parfois je me sens comme ce petit tigre, je me dis qu'un jour je vais avoir un éclair d'illumination et que je vais m'épanouir, me trouver enfin ! Avoir mon permis, un travail, réussir à faire une quiche, ce genre de choses.